Description

Riens is an exhibition including several kinetic sculptures, a video projection, video installations and paper tableaux with integrated programmed lighting. The exhibition was presented late in the autumn of 2012 without any artificial lighting other than what was programmed and part of the sculptural elements, so as the days shortened the afternoon light disappeared by 4pm and the gallery was dark.


Statement

It was in Paris, in 2008, that Karen Trask sought out the work of Mallarmé – part of her residency research and an in-depth study of the concept of ‘nothing’, in all its elusiveness and even contradiction, starting with its enunciation: to think of ‘nothing’ is already to give it substance, to reverse the announced absence. By pluralising ‘nothing’, the title of the exhibition consolidates this semantic rupture, at the same time releasing its philosophical potential.

Paper is the raw material here. A neutral, flat textile symbolising emptiness, it lends itself to a variety of media. Sometimes a sculpture, sometimes a multimedia platform, sometimes the subject of videos, other times the object of animated films, blank, pale paper finds its conceptual extension in the notion of ‘nothing’. The elusive space inherent in this notion is also reflected in the play of shadows that add a poetic and rhetorical dimension to the artist’s tools. The dark reflections of the words carved into the paper evoke multiple possible readings, sometimes humorous in tone, but always carefully considered, the same care that can be seen in the delicate, measured treatment of the fragile materials used or made. This is particularly true of the large paper canvas that Trask has created piece by piece from more resistant linen fibres, then turned into a hybrid material, infiltrated with optical fibres that at times reveal constellations visible to the most contemplative eyes.

“I see the sky as a veil, like a large sheet of paper”. The artist’s words echo the almost romantic impression one gets when standing, in the already vast space of the gallery, in front of this immense sheet of paper that seems to have fossilised a particular moment in the universe. The sublime is never far from the idea of nothingness. What’s more, all these “nothings” move, they are in motion. They are “nothings” inscribed in a temporality, thus going against the idea of absence as stagnation. Yet this temporality is not linear; rather, it is reminiscent of a pulse that is both cyclical and furtive. The eternal recommencement of nothing.

At the heart of this long-term research, writing is a vital tool. Words can be found in almost all of Karen Trask’s projects, but the artist’s book that accompanies this exhibition demonstrates their literary scope. In it, ‘nothing’ meets love and death, the two great pendulums of the sensitive, the strongest engines of vertigo. Breaks in the artist’s own experience, some of the most striking, sit side by side with documented references and quotations essential to the issues that have occupied her for so many years. Through the artist’s reflections, ‘nothingness’, understood as the absence of being, is revealed in a complementary and accurate way in relation to the shadows and objects that surround it.

Aseman Sabet (translated from French), 2012

C’est à Paris, en 2008, que Karen Trask rencontre Mallarmé, pour qui elle s’est expressément déplacée. De cette rencontre naît un travail approfondi sur le concept du « rien », dans ce qu’il comprend d’insaisissable, voire de contradictoire, à commencer par son énonciation : penser le « rien », c’est déjà lui donner un corps, c’est renverser l’absence annoncée. En pluralisant le « rien », le titre de l’exposition consolide cette rupture sémantique, relâchant du même coup son potentiel philosophique.

Le papier est ici matière première. Trame neutre et plane, symbolisant le vide, il se prête au jeu de différents médiums. Tantôt sculpture, tantôt plateforme multimédia, parfois sujet de vidéos, d’autres fois objet de films d’animation, le papier vierge et pâle trouve dans la notion du « rien » son extension conceptuelle. L’espace fuyant propre à cette notion se reflète également dans les jeux d’ombres qui rajoutent à la grammaire de l’artiste une dimension à la fois poétique et rhétorique. Les reflets sombres des mots taillés dans le papier évoquent des possibilités de lectures multiples, aux consonances parfois humoristiques, mais toujours réfléchies avec attention, cette même attention que l’on retrace dans le traitement délicat et mesuré des matières fragiles qui sont employés ou fabriqués. C’est notamment le cas de la grande toile de papier que Trask a créée morceau par morceau à partir de fibres de lin, plus résistantes, pour ensuite en faire une matière hybride, infiltrée de fibres optiques qui laissent apparaître, par moments, des constellations visibles aux yeux des plus contemplatifs.

« Je vois le ciel comme un voile, comme un grand papier ». Les mots de l’artiste font écho à cette impression, presque romantique, qui se dégage lorsqu’on se tient, dans l’espace déjà vaste de la galerie, devant cette immense feuille de papier qui semble avoir fossilisé un moment particulier de l’univers. Le sublime n’est jamais loin de l’idée du néant. D’ailleurs, tout ces « riens » bougent, ils sont en mouvement. Ce sont des « riens » inscrits dans une temporalité, allant ainsi à l’encontre de l’absence pensée comme statisme. Cette temporalité n’est pourtant pas linéaire ; elle rappelle plutôt une pulsation à la fois cyclique et furtive. L’éternel recommencement du rien.

Au centre de cette recherche de longue haleine, l’écriture s’impose comme un outil vital. Si on trouve les mots dans presque tous les projets de Karen Trask, le livre d’artiste qui accompagne cette exposition en démontre l’envergure littéraire. Le « rien » y rejoint l’amour et la mort, les deux grands balanciers du sensible, les plus forts moteurs du vertige. Les brèches ouvertes sur le vécu de l’artiste, parfois sur certaines expériences des plus marquantes, côtoient des références documentées, des citations essentielles à la problématique qui l’occupe depuis tant d’années. À travers les réflexions de l’artiste, le « rien » entendu comme absence de l’être se révèle dans une déclinaison complémentaire et juste face aux ombres et aux objets qui l’entourent.

Aseman Sabet, 2012




Publications

Karen Trask, L’espace infini du rien
Manon Tourigny (2013). Espace Sculpture, Numéro 103-104, printemps–été 2013, p. 57–58.

Exhibition review of Riens (Centre d’exposition Circa, Montréal 20 octobre – 17
novembre 2012).

RIENSnothings
Karen Trask (2012). Press Home Editions, Montréal, 61 p. Melissa Guay, translator.
Vision double: Claire Moeder on Chloé Desjardins and Karen Trask
Claire Moeder (2012). Ratsdeville: le webzine de la diversité en arts visuels | the visual arts’ diversity webzine, 2 november 2021. (Accessed: 8 May 2025)
The Fullness of the Void: Karen Trask gives us “Riens” at Circa
Natalie Zayne (2012). Belgo Report: News and reviews of art exhibitions in the Belgo Building, Montréal, Québec, January 11, 2013. (Accessed: 8 May 2025)

Ephemera

CIRCA gallery publicity

Web page capture includes text by Aseman Sabet as well as photos of the exhibition.