Le regard que pose Karen Trask sur les notions d’absence et de vide met à défi la charge théorique de ces concepts hautement référentiels. À travers un vocabulaire épuré, au sein duquel la couleur blanche a une indéniable portée symbolique, l’artiste aborde le passage du temps et investit la question de l’existence dans la durée. Si l’écriture a toujours été centrale dans la pratique de Trask, Histoires de lumières en propose une extension vidéographique exigeant du spectateur une lecture à la fois réflexive et contemplative.
Le regard que pose Karen Trask sur les notions d’absence et de vide met à défi la charge théorique de ces concepts hautement référentiels. À travers un vocabulaire épuré, au sein duquel la couleur blanche a une indéniable portée symbolique, l’artiste aborde le passage du temps et investit la question de l’existence dans la durée. Si l’écriture a toujours été centrale dans la pratique de Trask, Histoires de lumières en propose une extension vidéographique exigeant du spectateur une lecture à la fois réflexive et contemplative.
Réalisée lors d’une résidence de recherche à Paris, une première vidéo projetée en coin de mur dans la salle d’exposition présente des ombrages en mouvement, filmés dans une chambre à proximité de la Seine. Le caractère fuyant et fragmenté de ces ombres ne laisse en rien deviner qu’il s’agit de la captation nocturne du jeu de lumière des bateaux-mouches qui parcourent le célèbre cours d’eau. Entre ces images troubles, apparaît régulièrement une silhouette anonyme, debout près de la fenêtre. Ces apparitions obscures, intangibles, combinées au rythme circulaire du montage et de la bande sonore, ont pour effet de remettre en surface le thème central de l’installation : le rien. Ce mot, multiplié et découpé dans une pièce de fin papier blanc, figure au mur adjacent comme un rappel silencieux, presque transparent, de ce dont il est réellement question. Comme le souligne l’artiste : « Pour explorer le rien, il faut des moyens “presque-rien” ». C’est également en ce sens que la capture de la lumière évanescente renvoie à une présence dont le caractère éphémère conduit inéluctablement à l’idée d’absence. Permettant d’observer le lent passage d’un rayon de soleil sur une paume de main immobile, la dernière pièce vidéographique nous suggère, avec une poésie mesurée, une forme de causalité entre la lumière, la durée et l’effacement. Prise dans son ensemble, l’installation de Trask évite les détours et appelle une philosophie du présent.
– Aseman H Sabet
Notes for HISTOIRES DE LUMIÈRES
In responce to Galerie Clark’s invitation to exhibit new work, I am presenting
Histoires de lumières, an installation with video, paper collage and light.
My creative process has developed as a series of poetic investigations of human experience through language using a variety of media: installation, video, artists books and performance. In recent works, I have used texts from well-known authors and sources. For a residency in Paris last year, I proposed to research and explore the idea of ‘nothingness’, and to find ways of representing nothing using my own writing as a tool for exploration. In the past, the empty page and whiteness has been a metaphor I often used to represent absence and nothingness.
After several years of intense work with process and materials, I felt the need to challenge myself with something very different. Once in Paris, I decided to reduce my parametres for creating to a bare minimum and to simplify the process as much as possible. I wanted the results to be ephemeral, barely visible – the rawest possible. An intersecting of time and space seemed to be the essence. Nothing in my creative process happens this rationally nor this directly, things come together more often in a jumble of trial and error.
My studio residence overlooked the River Seine and the busy road between it and the river. Each night, the tourist-filled bateaux-mouches went down the river shining their very bright lights into my room, making a magical and monumental movement of light and shadow. I remembered as a child watching from my bed, the lights of passing cars from sometimes quite far away enter my room and touch all of the walls before exiting and disappearing down the country road. I began to video document the light and shadows moving in my room.
I saw my studio as the interior chamber of a camera and there, from inside, I was able to watch the light from this – the City of Lights enter and travel through this interior space.
Often inspired by personal experience, I understand my work as part of an autobiographical process where I observe myself observing and interacting with the world. This work is simply that.
Karen Trask