Cette nuit, Défaire, 2008

Cette nuit : Défaire

Cette nuit : Défaire (La Centrale, Montréal)

 

Cette nuit : Défaire (Trafic’art, Séquence, Chicoutimi, Québec)

Cette nuit, Défaire (une œuvre en processus)

The performative installation Cette nuit, Défaire presents recent explorations with sound, gesture and narration by Karen Trask. For a period of three weeks, she will spin and weave voice recorded on magnetic tape using a modified reel to reel tape player. Each evening, the work will come undone in a video installation visible through the gallery window. This work-in-progress proposes a re-reading of the novel, Ulysses by James Joyce  and the Greek myth of Penelope who as a strategy for warding off trouble and delaying time, wove by day, then unwove by night hoping for the return of Ulysses.

In a series of repeated gestures, Karen Trask proposes to spin and weave an audio recording of the book by Joyce.  « A friend and colleague had been diagnosed with cancer. Bedridden for days at a time following chemotherapy, we looked for ways to divert our thoughts and to spend time together. Both of us had always wanted to read the elusive and difficult Ulysses, by James Joyce. We discovered a rhythm and sound at the heart of his writing that must be spoken or heard for it to be fully appreciated. Chapter by chapter, day after day, my friend read outloud; I listened and wrote and together we taped over 1000 pages in some fifteen hours.  Time was extended by a mingling of the flow of Joyce’s amazing text and the sound of her voice stumbing with the awkwardness of speaking words never before read, our laughter, and the numerous interruptions by cat, phone, daughter and doorbell. All of this conspired to ward off our fears and to prolong and enrich the experience of that moment together. »

What was Penelope thinking about all those years while weaving and unweaving?  Cette nuit, Défaire is several Penelopes : the reader, the listener, the writer, the spinner, the weaver and the un-weaver, each one stretching time into space through the stories, actions and voice of the other.

« It is the uncalculated, repeating of Penelope’s doing and undoing that I see as inspirational in the small acts of keeping oneself alive and hopeful. In this work, I sense Penelope’s voice running through my fingers. »

Press Release text (English version)

January 2008

Karen Trask

Cette nuit, Défaire  (une œuvre en processus)

L’installation performative Cette nuit, Défaire présente les explorations récentes de Karen Trask dans les domaines du son, du geste et de la narration. Pendant une période de trois semaines, à l’aide d’un magnétophone altéré, l’artiste filera et tissera la bande audio d’un texte enregistré. Chaque soir, les passants pourront voir sur les fenêtres de la galerie une vidéo qui montrera le travail en train de se défaire. Cette œuvre en processus se présente comme une relecture du roman Ulysse de James Joyce, ainsi que du mythe de Pénélope, cette héroïne de l’Odyssée qui avait trouvé comme stratagème, pour se mettre à l’abri des ennuis et pour gagner du temps, de tisser le jour une toile qu’elle défaisait pendant la nuit, en attendant le retour d’Ulysse.

Le projet de Karen Trask consiste à filer et à tisser un enregistrement audio du livre de Joyce en une série d’actions répétitives. « Une amie et collègue avait reçu un triste diagnostic : le cancer. Elle se retrouvait alitée plusieurs jours consécutifs, suite aux traitements de chimiothérapie et nous cherchions des moyens pour détourner nos pensées et pour passer du temps ensemble. Toutes les deux avions toujours souhaité lire l’insaisissable et difficile Ulysse de Joyce. Le rythme et la sonorité poétique qui résident au cœur de ce roman ne sont pleinement appréciés que lorsque ce dernier est lu à haute voix, que l’on soit lecteur ou auditeur. Chapitre après chapitre, jour après jour, elle lisait à haute voix; j’écoutais et j’écrivais et ensemble nous enregistrâmes plus de 1000 pages en quelque quinze heures. À l’écoulement ininterrompu du prodigieux texte de Joyce se mêlaient le son d’une voix qui butait avec maladresse sur des mots qui n’avaient jamais été lus auparavant, notre rire et les nombreuses interruptions causées par le chat, la fille de mon amie et la sonnerie à la porte. Tout ceci allongeait le temps et concourait aussi à écarter nos craintes et à enrichir l’expérience de ce moment passé ensemble ».

À quoi Pénélope pensait-elle pendant toutes ces années tandis qu’elle tissait et défaisait sa toile? Cette nuit, Défaire met en présence plusieurs Pénélopes : la lectrice, l’auditrice, l’écrivain, la fileuse, la femme qui tisse et celle qui défait le tissu. Chacune de ces Pénélopes étire le temps dans l’espace à travers les histoires, les actions et la voix de l’autre.

« Je vois dans les gestes répétés et non calculés de Pénélope qui fait et défait quelque chose d’inspirant pour les petites actions quotidiennes qui nous permettent de rester en vie et de garder espoir. Dans ce travail, je sens la voix de Pénélope qui court à travers mes doigts ».