Whose Body, Whose Voice proposes a series of works witnessing my process of reclaiming personal agency through various representations of myself.
In my decision to become an artist, knowing where to begin wasn’t obvious. It took time to know what to make, to know what was important. But, I knew that I had to remake myself, put my body back together. It did not feel like it belonged to me. It belonged to some other plan for who and what a young woman should be.
The project to repatriate my body through my art found a starting point in the nineteenth century Grimm Brothers’ fairy tale, The Handless Maiden. I saw the dismemberment of the heroin’s hands as a metaphor for women’s loss of power, usurped by patriarchy and technology, creating trauma that limits women’s sense of agency.
If I were to be an artist, the project had to begin with finding my hands. My first works in printmaking and in sculpture were filled with representations of my own hands, folded like those of the Mona Lisa and the image of a figurine of a girl with her head bowed and her hands held behind her back. I discovered women represented in centuries of art history in similar passive positions. Inhabiting these gestures personally through casting my own hands in plaster and paper was a way for me to nourish a different kind of power, to find understanding and strength in where and who I was.
I made casts of my torso and feet, representations of tongues, as well as an armless figure inspired by the performance work of Ana Mendieta. The feet are grounded and active.
In the artist book Continuum/Unfolding the hands begin to unfold, and connect to a community of women writers. Another artist book, INTERSECTIONS conjunctions is a pivotal, in-depth exploration of women and space through writing.
In the series Neige noir, I worked with a representation of my full body, just standing in the world, being connected and permeable to whatever is out there. These works are transformed, many years later, in the Words Fell, Finally series. Here the figure is torn but reassembled. There are often two bodies in these works, one present, the other absent.
In two recent video works, I am fully present. In Crawl, I emerge from a rocky crevasse and walk away from the camera. In Closer, my body is situated in the expanse of the landscape, filmed by a descending drone camera. As it approaches, I pluck it out of the air - a gesture that denies its gaze and asserts my personal agency over my body and my voice.
Karen Trask in collaboration with Don Goodes, 2025
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À qui ce corps, à qui cette voix? propose une série d’œuvres témoignant de mon processus de réappropriation de mon pouvoir personnel à travers diverses représentations de moi-même.
Lorsque j’ai décidé de devenir artiste, il n’était pas évident de savoir par où commencer. Il a fallu du temps pour savoir ce qu’il fallait faire, pour savoir ce qui était important. Mais je savais que je devais me reconstruire, remettre mon corps en état. Il ne me semblait pas m’appartenir. Il appartenait à une autre vision de ce que devait être une jeune femme.
Le projet de rapatrier mon corps à travers mon art a trouvé son point de départ dans le conte de fées des frères Grimm, La jeune fille sans mains, datant du 19e siècle. J’ai vu le démembrement des mains de l’héroïne comme une métaphore de la perte de pouvoir des femmes, usurpé par le patriarcat et la technologie, créant un traumatisme qui limite le sentiment de pouvoir personnel des femmes.
Si je voulais être artiste, le projet devait commencer par retrouver mes mains. Mes premières œuvres en gravure et en sculpture étaient remplies de représentations de mes propres mains, repliées comme celles de la Joconde et d’une figurine de jeune fille avec la tête baissée et les mains jointes derrière son dos. J’ai découvert que les femmes représentées dans des siècles d’histoire de l’art adoptaient souvent des positions similaires, passives. Habiter personnellement ces gestes en moulant mes propres mains dans le plâtre et le papier était une façon de nourrir un autre type de pouvoir, de trouver de la force et de la compréhension dans ce que j’étais et là où j’étais.
J’ai réalisé des moulages de mon torse et de mes pieds, des représentations de langues, ainsi qu’une figure sans bras inspirée du travail de performance d’Ana Mendieta. Les pieds sont ancrés et actifs.
Dans le livre d’artiste Continuum/Unfolding, les mains commencent à se déplier et à se connecter à une communauté d’écrivaines. Autre livre d’artiste, INTERSECTIONS conjunctions est une exploration en profondeur des femmes et de l’espace par le biais de l’écriture.
Dans la série Neige noire, j’ai travaillé avec une représentation de mon corps entier, simplement debout dans le monde, connecté et perméable à tout ce qui existe. Ces œuvres sont transformées plusieurs années plus tard dans la série Words Fell, Finally. Ici, la figure est déchirée mais réassemblée. Il y a souvent deux corps dans ces œuvres : l’un présent, l’autre absent.
Dans deux œuvres vidéo récentes, je suis pleinement présente. Dans Crawl, j’émerge d’une crevasse rocheuse et m’éloigne de l’appareil photo. Dans Closer, mon corps se situe dans l’immensité du paysage, filmé par une caméra drone en descente. Alors qu’elle s’approche, je la saisis en plein vol – un geste qui refuse son regard et affirme mon pouvoir personnel sur mon corps et ma voix.
Traduction: Mélissa Guay