Noeuds d’écoute / Listening Knots, 2019, Galerie Oboro

Noeuds d’écoute Listening Knots includes five text-based installations, a video projection and a continuous performance inspired by Virginia Woolf’s, The Waves. Originally published in 1931, she called it her “play-poem”. I imagined myself as Virginia Woolf with a camera and a desire to play with bodies of text, the human body, the tide, the ocean and the land; this thought guided the making of the work during a two-year residency at the Université de Moncton and Mount Allison University in Sackville, New Brunswick. Students, friends, the ocean and the land were active participants.

Nœuds d’écoute Listening Knots comprend cinq installations textuelles, une projection vidéo et une performance en continue inspirée par Les vagues de Virginia Woolf. Publié à l’origine en 1931, elle l’appelait son « poème-jeu ». Imaginez-moi comme Virginia Woolf avec une caméra et le désir de jouer avec des corps de texte, le corps humain, la marée, l’océan et la terre. Cette pensée a guidé la réalisation de l’œuvre au cours d’une résidence de deux ans à l’Université de Moncton, à Moncton et à l’Université Mount Allison, à Sackville au Nouveau-Brunswick. Les étudiants, les amis, l’océan et la terre étaient des participants actifs.

Videos

Documents

Words, Waves, Nets, Cheryl Simon (exhibition pamphlet).

Mots, vagues, filets, Cheryl Simon, 2019 (pamphlet d’exposition).

Karen Trask Noeuds d’écoute : Listening Knots, Guylaine Chevarie-Lessard, Espace, Automne 2019 (critique).

 Artist Statement

“And so (while they talk) let down one’s net deeper and deeper and gently draw in and bring to the surface what he said and she said and make poetry.” The Waves, Virginia Woolf

Noeuds d’écoute Listening Knots includes text-based installations, a video projection and a continuous performance inspired by Virginia Woolf’s, The Waves. Originally published in 1931, she called it her “play-poem”. Imagine myself as Virginia Woolf with a camera and a desire to play with bodies of text, the human body, the tide, the ocean and the land; this thought guided the making of the work during a two-year residency at the Université de Moncton and Mount Allison University in Sackville, New Brunswick. Students, friends, the ocean and the land were active participants.

Artists make the invisible visible. People around the world have different stories about the origins of their particular culture; commonly they include a spinner/weaver and most often she is a woman. In Greek mythology, Clotho, Lachesis and Atropos, the Three Fates, or Moirai represent the past, the present and future, youth, adult and elder, they are also women: Clotho spins the thread, Lachesis measures or weaves and Atropos cuts the thread.

A colleague observed, “If it had been a man who discovered spinning and weaving, the invention of the wheel wouldn’t even come close in technological importance!” The threads of that importance although hidden, are still present in our stories, in our expressions, in the very history of our words, woven into the fabric of our society. We are hanging by a thread. Let me spin you a tale.

I often imagine an older woman sitting quietly in a nearby corner, knitting or mending, busy doing something with threads in her hands. The beauty of this image for me is that as long as she is there, there is hope. As long as there is a thread in her hands, the world will continue to exist, that the relations between people will be maintained. She holds life in her hands.

I often use the ancient art of spinning paper into a paper thread, otherwise known as shifu to make sculptural works. Central to the Noeuds d’écoute Listening Knots project was the making of a fishing net using paper-thread spun from the pages of four dictionaries relevant to south-eastern New Brunswick: Le Glossaire acadian, Le Petit Larousse Illustré, Silus Tertias Rand’s English to Mi’kmaq and Webster’s Ninth New Collegiate. A variety of actions using the net were filmed and are presented as part of a series of video vignettes. Listening knot is a literal translation of the French term (noeud d’écoute) for the knot used to make nets and is otherwise known as the weavers knot in English.

 The Waves by Virginia Woolf is at the heart of this exhibition. The very words of the book are present as titles, and as material in the work. I tried reading The Waves in my twenties and abandoned it. I was too impatient. What I didn’t understand then was that it is poetry. To let the story come through, it must be read slowly, letting the words resonate. Essentially, it is the intermingled soliloquies of six characters voiced over the span of their lives interspersed with descriptions of the ocean from dawn to dusk. I have since read it many times, and what is at the heart of that book for me is that we are all connected, that there is a thread between me and everyone and everything, and that our bodies and our genders are blurred.

Growing up on a farm, I developed a profound respect for the rhythms of nature, but as a teenager, I watched in horror as my father, like many others at the time, cut down trees and brutally straightened a meandering creek to make room for a few more rows of corn. Noeuds d’écoute Listening Knots has allowed me to connect to the land and the water.

Karen Trask

2019

Démarche artistique

Et c’est ainsi (tandis que ces gens continuent leur conversation) qu’on laisse descendre son filet de plus en plus loin de la surface, pour le retirer ensuite avec précaution, et ramener à la lumière ce que ces hommes et ces femmes ont dit, et en faire un poème“. Les vagues, Virginia Woolf

 Nœuds d’écoute Listening Knots comprend des installations textuelles, une projection vidéo et une performance continue inspirée par Les vagues de Virginia Woolf. Publié à l’origine en 1931, elle l’appelait son « poème-jeu ». Imaginez-moi comme Virginia Woolf avec une caméra et le désir de jouer avec des corps de texte, le corps humain, la marée, l’océan et la terre. Cette pensée a guidé la réalisation de l’œuvre au cours d’une résidence de deux ans à l’Université de Moncton, à Moncton et à l’Université Mount Allison, à Sackville au Nouveau-Brunswick. Les étudiants, les amis, l’océan et la terre étaient des participants actifs.

Les artistes rendent visible l’invisible. Partout dans le monde, les gens ont des histoires différentes sur les origines de leur culture particulière; il s’agit généralement d’une fileuse/tisseuse et, le plus souvent, c’est une femme. Dans la mythologie grecque, Clotho, Lachesis et Atropos, les trois Moires, représentent le passé, le présent et le futur; les jeunes, les adultes et les anciens. Ce sont aussi des femmes : Clotho file, Lachesis mesure ou tisse et Atropos coupe le fil.

Un collègue m’a fait remarquer : « Si c’était un homme qui avait découvert le filage et le tissage, l’invention de la roue n’aurait même pas été d’une importance technologique comparable! ». Les filons de cette importance, bien que cachés, sont encore présents dans nos histoires, dans nos expressions, dans l’histoire même de nos mots; tissés dans le tissu de notre société. Ne tenir qu’à un fil… Ne pas perdre le fil de l’histoire…

J’imagine souvent une femme âgée assise tranquillement dans un coin à proximité, en train de tricoter ou de réparer; occupée à faire quelque chose avec des fils dans les mains. La beauté de cette image, pour moi, c’est que tant qu’elle est là, il y a de l’espoir. Tant qu’il y aura un fil dans ses mains, le monde continuera d’exister; les relations entre les gens seront maintenues. Elle tient la vie entre ses mains.

 J’utilise souvent l’art ancestral japonais de filer le papier pour en faire un fil de papier, aussi appelé shifu, pour créer des œuvres sculpturales. Au cœur du projet Nœuds d’écoute Listening Knots, se trouvait la fabrication d’un filet de pêche à l’aide d’un fil de papier filé à partir des pages de quatre dictionnaires pertinents pour le sud-est du Nouveau-Brunswick : Le Glossaire acadien, Le petit larousse illustré, le Silus Tertias Rand’s English to Mi’kmaq et le Webster’s Ninth New Collegiate. Diverses actions utilisant le filet ont été filmées et sont présentées dans le cadre d’une série de capsules vidéo. Le terme nœud d’écoute désigne le nœud utilisé pour fabriquer des filets de pêche.

 L’œuvre Les vagues de Virginia Woolf est au cœur de cette exposition. Les mots mêmes du livre sont présents en tant que titres et en tant que matériau dans l’œuvre. J’ai essayé de lire Les vagues dans la vingtaine et je l’ai abandonné. J’étais trop impatiente. Ce que je ne comprenais pas alors, c’est que c’est de la poésie. Pour que l’histoire s’impose, il faut la lire lentement, en laissant résonner les mots. Essentiellement, ce sont des soliloques entremêlés de six personnages qui s’expriment tout au long de leur vie, entrecoupés de descriptions de l’océan, de l’aube au crépuscule. Depuis, je l’ai lu à maintes reprises, et ce qui est au cœur de ce livre, pour moi, c’est que nous sommes tous connectés, qu’il y a un fil conducteur entre moi et tous les autres, que nos corps et nos genres sont flous.  

Ayant grandi sur une ferme, j’ai développé un profond respect pour les rythmes de la nature, mais à l’adolescence, j’ai vu avec horreur mon père, comme beaucoup d’autres à l’époque, abattre des arbres et redresser brutalement un ruisseau sinueux pour faire place à quelques rangées supplémentaires de maïs. Nœuds d’écoute Listening Knots m’a permis de me connecter à la terre et à l’eau.

Karen Trask

2019